Spotify accusé de promouvoir des faux artistes pour économiser sur les royalties

Spotify, leader mondial du streaming musical, est au cœur d’une controverse concernant l’utilisation de morceaux génériques dans ses playlists recommandées. Selon une enquête approfondie menée par la journaliste Liz Pelly pour le site Harpers, la plateforme intégrerait délibérément des titres achetés à bas prix auprès de banques de musiques stock, dans le but de réduire les royalties versées aux artistes authentiques.

Le Programme PFC : une stratégie économique discutable

D’après les investigations de Liz Pelly, Spotify utilise un programme interne nommé PFC (Perfect Fit Content) pour enrichir ses playlists, notamment celles dédiées à la musique d’ambiance comme le jazz, le lo-fi ou les beats instrumentaux chill. Ces morceaux proviennent principalement de banques de musiques stock telles qu’Epidemic Sound et Firefly Entertainment. Ces fournisseurs proposent des titres génériques, souvent utilisés à des fins commerciales dans des publicités, séries télévisées ou jeux vidéo.

En intégrant ces morceaux à moindre coût, Spotify parvient à diminuer le nombre d’écoutes des artistes traditionnels, réduisant ainsi les paiements de royalties. Cette pratique soulève des questions éthiques quant à la rémunération équitable des créateurs de musique.

Les « artistes fantômes » : une illusion bien orchestrée

Pour masquer cette stratégie, Spotify attribue ces morceaux à des « artistes fantômes », des musiciens fictifs créés de toutes pièces. Un exemple notable est celui d’Ekfat, présenté comme un beatmaker islandais diplômé du conservatoire de Reykjavik et membre d’un groupe légendaire. Cependant, des recherches menées par Linus Larsson, rédacteur en chef du quotidien suédois Dagens Nyheter, révèlent que cette biographie est entièrement inventée. La présence en ligne d’Ekfat est quasi inexistante, avec seulement trois publications Instagram depuis 2020 et 62 abonnés, ce qui renforce l’hypothèse d’une identité fictive.

Une pratique répandue dans l’industrie du streaming

Cette révélation n’est pas un cas isolé. En septembre 2024, un homme aux États-Unis a été accusé d’avoir détourné 10 millions de dollars de royalties en utilisant de faux morceaux générés par intelligence artificielle sur des plateformes de streaming comme Spotify et Apple Music. Il aurait créé des centaines de milliers de titres fictifs, amplifiés par une armée de faux comptes d’auditeurs, pour frauduleusement percevoir des revenus substantiels. 😀

Les implications pour les artistes et les auditeurs

Ces pratiques posent de sérieux problèmes quant à l’intégrité des recommandations musicales sur les plateformes de streaming. Les artistes légitimes voient leur visibilité et leurs revenus diminuer, tandis que les auditeurs sont exposés à des contenus artificiels, éloignés de la diversité musicale authentique.

La découverte de ces méthodes suscite un débat sur la transparence des algorithmes de recommandation et sur la nécessité de garantir une rémunération juste pour les créateurs de musique. Les utilisateurs de services de streaming sont invités à rester vigilants quant à la provenance des morceaux qu’ils écoutent et à soutenir activement les artistes qu’ils apprécient.

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